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Kaïsha (4ième partie et Fin)

Publié le par Akhi_Biggii

Pourquoi je pleure ? Non mais il est sérieux là ? J’ai l’impression qu’il a oublié que j’étais une femme mariée, et une mère de surcroit ? Pouvais-je lui en vouloir vraiment ? Une femme mariée ne serait jamais assise dans sa voiture, seule avec lui.

« Bon, bon, je t’emmène quelque part »

« Tu m’emmènes où ? »

« Un docteur a toujours une salle de consultation. Crois-moi cette journée, tu ne l’oublieras pas »

Le sourire qu’il me lança, me glaça le dos. Un sourire rempli de sens. La voiture allait de plus en plus vite, je me sentais prise au piège. Mes larmes redoublèrent d'intensité. Il augmenta le volume de sa radio. Il ne souriait plus. Son visage s'était comme métamorphosé.

«Où est ce que tu m'emmènes?» Il me regarda et sourit. Mais son sourire avait changé. Mon cœur battait à 100 à l'heure. Il prit un sentier. On avait quitté la route. Je ne savais même plus où on était. Il se mit à ralentir et baissa le volume de sa radio. On était au milieu de nulle part. Il se gara dans un endroit plein d'arbres et d'herbe, on aurait dit une forêt. Qu'est ce qu'on venait y faire? J'étais morte de peur. Il descendit de la voiture et vint m'ouvrir la porte

«Descends!»

«Non! Je veux rentrer chez moi! Je veux rentrer chez moi!»

La douleur de la gifle qu'il m'administra me traversa le corps. Je n'entendais plus de l'oreille gauche. Il se mit à lancer des jurons en murmurant

«Excuse-moi ma Kaïsha. Je ne voulais pas en arriver jusque-là mais tu m'y as obligé»

Il avait l'air désolé. Il se comportait comme un malade mental, un schizophrène.

«Docteur K, Je t'en prie, laisse-moi rentrer chez moi. Je t'en supplie»

J'eu l'impression que mes sanglots l'irritaient. Il voulut encore me frapper mais se retînt. Mon ange se transformait en démon peu à peu. J'étais terrifiée.

«Pourquoi tu me fais ça? C'est comme ça que tu me remercies? C'est comme ça que tu m'aimes?»

Il était de dos. Il ne me regarda même pas.

«Je t'en supplie Docteur K, Je t'en supplie! Pense à mes enfants, à mon mari»

«Ton mari? Ton mari? MAIS J'EMMERDE TON MARI! Qu'est ce que tu fais ici si tu as un mari? Pourquoi tu m'as dis toutes ces choses si tu avais un mari?»

Je ne savais pas pourquoi, ni comment on était arrivé jusque là. Je ne comprenais pas sa réaction, ni pourquoi il me traitait ainsi. Je pleurais toutes les larmes de mon corps en le suppliant.

«Kaïsha, tu m'aimes?»

«Docteur K, je... Je... Je t'en supplie»

Il me gifla tellement fort que je crus que j'allais perdre connaissance

«KAISHA... JE... T'AI DEMANDÉ... SI TU M'AIMES... REPONDS MOI !!»

«JE NE T'AIME PAS! JE NE T'AIME PAS! J'AIME MON MARI! J'AIME MES ENFANTS! TU M'AS TROMPÉ AVEC TES BELLES PAROLES. SI TU VEUX, TUE MOI MAIS AU MOINS TU SAIS CE QUE JE RESSENS VRAIMENT»

Tue-moi? Je me suis rendu à l'évidence. C'est peut être ce qui m'attendait. On entendait chaque jour ce genre d'histoire à la télé. Des personnes qui disparaissent et dont on retrouvait le corps des mois plus tard. Docteur K voulait peut être me guérir, me guérir de la vie.

«Te tuer?» Il se mit à rire tellement fort que je crus qu'il perdait la raison

«Docteur K, s'il te plait, rentrons. Je te promets que je ne dirais rien à personne et nous oublierons toute cette histoire»

«Descends de ma voiture!»

Et là j'aperçus 4 hommes sortir de la forêt. Je regardais Docteur K, il leur fit signe d'avancer. Je n'arrivais plus à réfléchir. Ce que je redoutais le plus après la mort était peut être ce qui allait m'arriver.

«Docteur K, c'est qui ces gens?... DOCTEUR K !»

Ils étaient déjà près de la voiture. L'un d'entre eux mis sa main sur ma bouche et ils me jetèrent hors de la voiture. J'atterris dans les herbes.

«Laissez-moi s'il vous plaît! Je vous en supplie! Je vous en supplie! Ne me faites pas de mal

L'un d'eux m'ordonna de me taire et il m'arracha mon sac. Je ne pouvais rien faire. Il n'y avait personne dans les parages. L'endroit était désert. Ils déchirèrent mon hijab.

«Docteur K, dis leur d'arrêter, dis leur d'arrêter s'il te plait ! Je préfère que ce soit toi qui me fasse subir ça mais pas des inconnus !»

Celui qui m'avait arraché mon sac me gifla encore une fois. J'avais la bouche en sang. Docteur K était adossé à sa voiture et il contemplait le spectacle, sourire aux lèvres. Je serrai les cuisses car il essayait de me retirer mon pantalon. Je ne pus m'empêcher de crier

«Ô Seigneur, Ô ya Rabbi, pardonne-moi! Pardonne-moi pour toutes mes désobéissances. Pardonne-moi! Seigneur sauve moi de cette situation !»

Je pleurais encore plus fort et là je me rappelais de ma prière dans le taxi "Si Tu veux, punis moi dans ce bas monde mais épargne moi de ton châtiment dans l'au-delà".

«Serait-ce ma punition Ô Seigneur! Ma punition pour toutes les humiliations que j'ai fait subir à Hussein. Seigneur aie pitié de moi!».

J'étais épuisée. Je m'étais résolu à ce qui allait m'arriver. Je jetais un coup d'œil dans la direction de Docteur K et il me dit :

«Ce n'est pas maintenant que tu vas jouer la sainte nitouche à parler de Dieu. Les filles comme vous, on les connait. La preuve, tu es là».

Il avait raison. Dieu n'est pas injuste. Mr Fall me l'a toujours rappelé. Si ça m'arrive, c'est que quelque part je l'ai mérité. J'ai déçu mon Seigneur et j'en payais le prix. Sans le savoir, Docteur K venait de me donner la force dont j’avais tant besoin depuis le début. Je ne me débattais plus. Je me laissais faire. Ayant remarqué mon inertie, l’un deux se tint debout, me regarda d’un air pantois et dit

«Elle est morte?»

«Idiot! Comment elle peut mourir? On ne lui a rien fait !»

«On ne lui a rien fait? Tes larges paumes sur sa joue 2 fois de suite, tu crois que ce n’est pas suffisant?»

«Tu sais ce que mes larges paumes te disent? Idiot!»

«Tu me traites d'idiot encore une fois, je te...»

«FERMEZ LA VOUS DEUX! Elle n'est pas morte! Elle est juste fatiguée

Il essaya de me retirer mon pantalon, mais cette fois-ci je ne fis aucun geste. Et cette phrase sortit inconsciemment de ma bouche.

«Faites moi signe quand vous allez finir». Et je le dis avec un calme déstabilisateur. Ils se redressèrent tous, ils étaient déconcertés apparemment. Je me demandais ce qu'ils avaient. Il eut un moment de silence et l'un d'eux dit

«Moi je vous la laisse djo !»

«Tu dis quoi même?!! Idiot» rétorqua Docteur K, visiblement agacé. Un autre lui répondît
«Elle ne se défend même pas. C'est plus la même chose et j'ai l'impression que c'est plus la même personne. Y a anguille sous roche djo»

«Mais Merde! Je ne vous paye pas pour avoir le choix. Terminez ce que vous avez commencé !»

«Si ça se trouve, elle a le sida et elle veut nous le filer. En tout cas, moi je me retire de cette opération. Je me casse !»

«Attends moi, je te suis !»

«Mais... Mais... Qu'est ce que vous faites? Revenez bande d'abrutis! Et votre argent ?»

«Gardez le rest ! L’avance nous suffit et terminez la vous même!»

Ils disparurent dans la forêt. Docteur K était affolé, énervé. Il resta là sans savoir ce qu'il devait faire. Moi je ne comprenais plus rien à la situation. J'étais comme inconsciente. Je ne savais pas si ce qui arrivait était bien ou mal. Il se précipita dans sa voiture et démarra en trombe, me laissant seule dans cette forêt. Je me redressais pour m'asseoir. J'avais l'air calme mais en vrai j'étais terrorisé. Tellement que je n'arrivais ni à pleurer, ni à crier, ni même à trembler. C'était surement un cauchemar et j'allais me réveiller. Il me fallut une trentaine de minutes pour reprendre mes esprits. Aussi inattendu que cela pouvait paraître, je venais d’échapper miraculeusement à un grand supplice. J'éclatais en sanglots. Les voies de notre Seigneur sont vraiment impénétrables et j'ai senti Sa main me protéger. Ce n'était surement pas un coup de chance. Je me levai et me mis à marcher. Je pris ce qui me semblait être le sentier qu'on avait emprunté en venant. J'avais une sale apparence. Mes vêtements étaient en lambeaux. J'aperçus enfin l'autoroute. Je ne pouvais rentrer chez mes parents dans cet état. Je réussis tant bien que mal à arrêter un taxi, direction notre appartement. Le chauffeur me regardait l'air ahuri mais n'osa pas poser de questions. Moi je continuais toujours de me demander comment est ce que j'ai pu tomber aussi bas. Je me sentais souillée quand bien même ils ne m'avaient rien fait mais aucun homme ne m'avait touché à part Hussein et la brutalité dont ils avaient fait preuve m’avait traumatisé. Docteur K, un loup dans un corps d'agneau. «Mais comment ai-je pu été aussi idiote? Tromper mon mari! Je ne mérite pas d'être la femme d'Hussein !». Mes larmes se mirent à couler. Le chauffeur, visiblement inquiet, me demanda si j'allais bien à deux reprises. Mon silence le dissuada de continuer. Quelques minutes plus tard, j'étais en bas de mon immeuble. Je demandais au chauffeur d'attendre que j'aille prendre de l'argent à l'appartement pour payer la course. Il me dit que ce n’est pas la peine, qu'il m'offrait la course. Je n'insistais pas, le remercia et il s'en alla. Arrivé dans le hall, je voulu allé voir Roxane mais je me rappelais qu’elle n’était pas encore rentrée de son voyage au Cameroun. Je retournais dans notre appartement aussitôt pour ne pas qu'on me voie dans cet état. Les nouvelles vont tellement vite ici. Une fois rentré, je vis un mot sur le pas de la porte. Je décidais de le lire plus tard. Je le pris et le mis sur la table à manger. Mon regard se posa sur l'ordinateur. Ce maudit ordinateur. Les souvenirs de mes discussions avec Docteur K me revinrent à l'esprit. Je me sentais obtus, vide, déshonorée. Je m'en voulais terriblement. En vrai, à qui pouvais-je en vouloir? A Roxane pour m'avoir parlé de lui? Surement pas. Elle n'avait même plus abordé le sujet. A Hussein pour ne pas m'avoir soutenu? Il ne savait même pas ce qui se passait. Même à Docteur K, je n'en voulais pas. Quand je pensais à lui, je ne ressentais pas de colère mais plutôt de la peur. Ce visage si angélique, si aimable me terrifiait quand j'y repensai. L’appel à la prière retentit, il était presque 16h. La voix du muezzin me remplit d'émotions. Cette fois, je ne savais pas si c’était des larmes de joie ou de tristesse. Cependant, je venais de me rendre compte de la chance que j'ai eue dans la forêt. Allah m'avait épargné. J'avais la certitude qu'Il existait mais là c'était comme si je Le sentais près de moi. C'était comme si c'est Lui qui m'appelais à travers cet Adhan. Je me levai nonchalamment pour me rendre dans la salle de bain. Je me regardais dans le miroir, j'avais le visage tout boursouflé, j'avais des bleus difficiles à dissimuler. Pour la première fois de ma vie, je me dégoutais vraiment.


J'étais encore en pleine prière quand l'Adhan retentit à nouveau. Je n’avais pas vu le temps passer tant j'étais obnubiler par mes invocations. C'était comme si Dieu était en face et je lui parlais. Et plus je lui parlais, plus je me sentais apaisée. Mais il fallait que je rentre. Maman devait être inquiète et elle a surement du vouloir me joindre mais je n'avais plus mon téléphone.

Une fois arrivée, dès que j'entrais dans la cour, Yasmina et Oumar coururent vers moi en écartant les bras. Les yeux boursouflés de ce dernier en disait long sur le calvaire qu'il a fait subir à ses grands parents. J’essayais de dissimuler les miens
«Il était temps que tu rentres, Oumar a failli mettre ma maison en p... Mais... Qu'est ce qui t'est arrivé?»

Moi qui pensais qu'elle n'allait rien remarquer. J'avais pris le soin de bien couvrir mon visage.

«Rien maman! Rien de grave»

«Rien de grave? Mais regarde dans quel état est ton visage

«C'est rien maman. Il y a eu un mouvement de foule au marché donc j'ai trébuché et je suis tombée. J'ai été obligé de passer à notre maison pour me changer. Ne t'inquiètes pas m'man, je vais faire ma prière, je reviens»

Je venais, une fois de plus de mentir à ma mère. Je ne pouvais lui expliquer ce qui venait d'arriver. Comment lui expliquer que j'ai trahi leur confiance? Comment lui expliquer que pendant tout ce temps, je n'ai fait que leur mentir? Elle savait que je ne lui disais pas tout. Je le voyais dans son regard.

[…]

Cela faisait une semaine qu'Hussein était parti mais il devait rentrer plus tôt que prévu. On l'attendait demain dans la soirée. Moi j'étais vraiment mal en point. Depuis ce malheureux incident, je dormais peu. Dès que je fermais les yeux, je revoyais le sourire de Docteur K, ce sourire moqueur qu'il affichait pendant que j'étais à la merci de ces "employés", leur souffle haletant sur mon cou. Je m'efforçais d'être enthousiaste quand au retour d'Hussein mais en vrai, je redoutais cet instant. Je continuais à me dire que je ne le méritais pas comme époux, qu'il était trop bien pour moi. Je ne pouvais lui mentir et faire comme si de rien n'était mais je ne pouvais pas non plus lui raconter car je ne supporterais pas d'être une déception. Je préparais secrètement mon esprit en vue de lui demander le divorce. Je sais que ça parait exagéré mais les bases de notre union étaient bafouées. Moi, la petite Aisha presque parfaite, que certains même enviaient, la fierté des Fall et même des Diarra, moi qui voulais être le modèle de Yasmina comme ma mère l’a été pour moi. Quand j'y repensais, mes larmes ne cessèrent de couler, je ne méritais plus tout ça.
Il était 20h et mon père venait de rentrer de sa quincaillerie. On était tous devant le journal télévisé quand on entendit 3 coups de klaxon dans la cour. Instinctivement, Oumar se mit à crier «Papa! Papa!». Ca ne pouvait être Hussein, il ne rentrait que demain. Oumar et Yasmina se précipitèrent dehors. Je les suivis. Il avait raison, c'était Hussein. Quand je le vis mon cœur se mit à battre très vite. Le moment que je redoutais tant était arrivé. Hussein avait l'air épuisé, il avait perdu un peu de poids. Les enfants étaient excités, ils ne faisaient que crier mais ils se calmèrent quand il leur remit des paquets. Ils étaient maintenant occupés à les déballer. Hussein s'approcha de moi tout souriant, il m'embrassa et me dit

«Tu ne peux pas savoir à quel point mon épouse m'a manqué. Il a fait nuit pendant tout mon séjour, tout me paraissait si... fade, sans aucun intérêt. J'aurai du emporter mon soleil avec moi » J’avais la tête baissée « Au fait... Excusez-moi madame... Je peux savoir où vous avez mis mon épouse... parce que je n'ai vu personne sauter de joie en me voyant»

Je me jetais dans ses bras en pleurant toutes les larmes de mon corps.

«Ouhlaa! J'espère que c'est des larmes de joies. Faut pas gaspiller la chose là comme ça, je te l'ai toujours dis»

Mon Hussein était de retour, avec ces phrases qu'il savait placer au bon moment. J'oubliais instantanément ma tristesse pour profiter de mon homme. J'avais l'impression de tomber amoureuse de nouveau.

«Bon rentrons mon Aïsha, que je salue tes parents. Il ne faut pas que Mr Fall me fasse des histoires». Il me serra très fort contre lui et nous rentrâmes.

[…]

Cela faisait pratiquement 4 mois qu'Hussein était rentré mais aussi fantasque que cela pouvait paraitre, j'avais toujours l'impression de ne plus être à ma place. J'avais l'impression de lui mentir tout le temps. Ses "Je t'aime" et ses "tu es la plus belle chose qui me soit arrivé" me tuait à petit feu. J'ai essayé à maintes reprises de lui expliquer ce qui s'était passé à chaque fois qu'il me demandait si quelque chose n'allait pas, mais le courage me lâchait à la dernière minute. Mais ce soir là, j'étais décidée. Il fallait absolument que je lui raconte tout pour pouvoir avoir enfin la paix avec moi même
Il rentra vers 19h30. J'étais assise devant la télé.

«Bonsoir ma Aïsh»

«Bonsoir Husseinou, ta journée s'est bien passé?»

«Bof. On m'a encore remis le dossier du "sympathique" Mr Sanogo. Ce monsieur m'a vraiment à la bonne. En plus je...»

«Hussein... Je... J'ai quelque chose à te... À te dire»

«Ca a l'air sérieux vu la mine que tu fais. C'est la même que j'ai faites quand j'ai vu Sanogo débarquer dans mon bureau»

«Arrêtes Hussein». J’éclatais de rire.

«Tu vois? C'est pour des moments comme ça que je t'ai épousé. Quand je te vois passer d'une mine grise à un visage rayonnant, je suis l'homme le plus comblé de la terre. Bon je vais prendre ma douche et après on parlera. J'ai un truc à te dire aussi»

Un truc à me dire? Qu'est ce que cela pouvait bien être? De toute manière moi j'étais décidée et quelque soit ce qu'il avait à dire, je me devais de tout lui expliquer. Il ne méritait pas que je lui mente encore longtemps.
J'eu l'impression que ca faisait une éternité qu'il était dans la chambre. Je frappais à la porte

«Hussein! Le repas est servi, je ne veux pas que ça refroidisse»

«Je suis là dans un instant, tu peux commencer»

Quelques minutes après, il me rejoint. Il m'expliqua encore la fois où Mr Sanogo lui avait parlé de son intention de faire de moi sa troisième épouse. Il avait cru que j'étais la sœur d'Hussein, lui aussi ne lui avait rien dit et l'avait écouté religieusement. J’étais morte de rire à chaque fois qu'il imitait la tête de Mr Sanogo quand il lui annonça finalement que j'étais sa femme. Ces moments là m'ont fait oublier les révélations que je devais lui faire jusqu'à ce qu'on passe une info au journal. C'était des cybercriminels, qu'on appelait ici "brouteurs", qui venait d'être arrêter alors qu'ils partaient retirer ce qui devait être leur plus gros coup. Hussein ne put s'empêcher de donner une remarque

«Hum, Internet? Ça là, tu vas chercher, ils étaient contents du bonheur qu'Internet leur procurait. Mais je suis sur qu'actuellement, ils maudissent les créateurs»

Cette remarque me toucha tellement qu'elle changea ma mine, et il l'avait remarqué

«Toi aussi tu broutes?»

«HUSSEIN!»

«Rhoo je rigole. Apparemment leur histoire te touche parce que tu ris même plus. Je pensais que ca devait être tes collègues "ruminants"»

Il eut un silence gênant pendant 5 minutes à peu près et il reprit

«Tu avais quelque chose à me dire non?»

«Heu... Oui oui... En fait... Heeu»

«Bon bon bon. Les enfants dorment?»

«Oui oui, depuis un bout de temps quand même»

«Okay. Viens je t’emmène quelque part. On sera de retour dans 30 minutes maxi»

«On va où?»

«En tout cas ce n’est pas à Oumé, c'est tout près ici»

J'éclatais de rire. A cet instant là, je souhaitais à toutes les femmes du monde, un mari comme le mien. Il y'aurait moins de divorces si seulement, elles se montraient à la hauteur, ce que je n'avais pas su faire. Je me levais, pris mon sac et un manteau et on était en route. La radio distillait une chanson de Maher Zain, c'était ma préférée.

«Tu sais que quand j'étais petit, je voulais être docteur?»

Mon sang fit un tour. Mon cœur faillit me sortir de la poitrine.

«Mais... Mais... Pourquoi... Tu... Pourquoi tu parles de docteur? Et on va où?!!»

«Hey! Calme-toi. Qu'est ce qui te prend? Je te dis juste ce que je voulais devenir. T'a une phobie des docteurs ou quoi»

Il ne croyait pas si bien dire.

« Non… non… »

«Si tu n’étais pas mon épouse, j’aurais dis que tu me caches quelque chose d’assez énorme. Bref, on y est presque, c’est juste après le tournant»

« Tu m’as toujours pas dis où on allait »

Il gara dans une ruelle et descendit de la voiture, le sourire aux lèvres. Il m’intriguait vraiment. Il m’ouvrit la portière et me pris la main.

« Si sa majesté ma reine veut bien se donner la peine de descendre »

Je descendis et il me pria de le suivre. Quelques mètres devant, il me cacha les yeux avec ses mains et me guida jusqu’à ce qu’on s’arrête. Il les retira de mes yeux. On était devant une très belle villa.

« Joyeux anniversaire ma chérie ! »

Je restais là sans rien dire, sans bouger. J’étais tellement préoccupée que j’oubliais même mon anniversaire. Hussein, lui, s’en rappelait toujours. Mes yeux partaient de la maison à Hussein et d’Hussein à la maison.

« J’attendais ce moment avec tellement d’impatience. J’ai failli même me trahir à plusieurs reprises. Un jour tu m’as dit que tu rêvais d’avoir une grande maison et y vivre avec ton mari et tes enfants. Ca devait être juste avant que tu composes pour le BTS. Je me suis arrangé pour que tu sois toujours heureuse, pour que tu sois toujours rayonnante et jusque là, je pense avoir pu te donner le mari et les enfants, il ne manquait plus que la maison. Il m’embrassa sur le front, Je vous aime Aisha Fall »

J’étais au bord de l’effondrement. Pourquoi tu me fais ça Hussein ? Tu ne te rends pas compte du mal que tu me fais ? Je ne mérite pas tout ça, même pas la moitié. J’eu envie de lui crier ça et m’enfuir. Je fus pris de grosses bouffées de chaleur, ensuite de vertiges et je m’effondrai sur le sol. J’entendais Hussein m’appeler mais je voyais de plus en plus flou et puis plus rien.

Je me réveillais dans une salle lumineuse. Les lumières au plafond m’éblouissait tellement que je me protégeais les yeux avec ma main et j’entendis

« Docteur, elle est réveillée ». C’était la voix d’Hussein.

Une femme, apparemment le docteur, s’approcha de moi, examina mon ballon de serum et pris ma tension.

« Bonsoir madame Diarra. J’espère que vous avez bien dormie ». Elle me sourit et s’en alla

« Mon cœur, ça t’arrive parfois de faire peur aux gens qui prennent la grosse décision de t’aimer ? Tout le monde t’attend dans le hall tout inquiet. Tu n’as pas aimer mon cadeau apparemment »

« Hussein, pourquoi tu fais tout ça ? »

« Docteur !! Je crois que c’est plus grave ! Elle a reçu un coup sur la tête ! »

« Hussein, réponds moi s’il te plaît »

«Ta question ne mérite même pas d’être posé. Demande-moi pourquoi je t’aime. Demande moi pourquoi chaque matin je remercie le ciel de me montrer la plus belle chose qu’il m’ait donné de voir dès le matin. Demande-moi pourquoi quand je pense à toi, j’ai un sourire idiot qui se dessine sur ma face. Tu es ma femme Aisha, mon épouse. Tu imagines ce que je ressens à chaque fois que je dis ça. Tu mérites tout ce que je te donne et même plus »

« Hussein, je ne te mérite pas. Demande le divorce »

« Aïsha ? Repose toi, on en reparlera mon cœur »

« Ne m’appelle pas comme ça ! Je suis répugnante Hussein. Je ne mérite pas ton amour, je ne te mérite pas ! Tu n’as pas idée de ce que j’ai fait Hussein ! Je suis ignoble ! »

« Aïsha, si tu veux parler de ce moment de trouble qu’il y a eu, de ce jeune homme que tu as rencontré, laisse moi te dire que je ne pourrais jamais, je dis bien JAMAIS laissé des petits problèmes comme ça nous séparer. Oui je sais ce qui se passait, peut être pas dans les détails mais j’observais. Tu avais complètement changée et quand j’ai compris pourquoi j’ai preféré laisser faire les choses et le temps. C’est des choses qui arrive dans un foyer et moi je m’y étais préparé bien avant. J’ai confiance en toi et en l’amour que tu me portes. C’est Dieu qui nous a unis donc qu’est ce qui pourrait m’effrayer. Par contre, je priais pour qu’Il te guide. Pour qu’il te ramène vers moi et te protège pour ne pas que tu ais à regretter un acte. Vous vous êtes embrassés ? Peut être mais je te connais, tu n’aurais pas pu coucher avec lui. Moi je t’aime Aisha. Je t’aime comme jamais je ne pourrais aimer une autre femme. Est-ce que toi tu m’aimes ? »

« Hussein…Oui… oui je t’aime » Mes larmes coulèrent comme si j’avais la Mer méditerranée dans les glandes lacrymales.

« Et je te crois. Donc ne laissons pas de petits incidents nous nuire. On est plus fort que ça. On est des Diarra… bon… un peu de Fall aussi… mais plus des Diarra. Alors sèche moi ses larmes et fait moi le sourire que tu avais quand on est sorti de la mosquée ce 13 Aout. Chacune de tes larmes est comme une pierre précieuse pour moi donc imagine la grande pauvreté qui me guette si tu les verses tous, à cause de moi en plus »

Je le regardais sans rien dire. Mes yeux parlaient pour moi. Je le fixais comme jamais je ne l’avais fixé auparavant

« Me regarde pas comme ça !! Ca va, j’avoue. J’ai tiré cette dernière phrase dans un poème. Ce n’est pas la peine de me regarder comme ça, je sais que tu m’as attrapé »

J’éclatais de rire. Il me regarda en souriant. D’un regard chargé de tendresse et d’amour. J’avais un mari formidable et il avait raison. Il ne fallait pas que je laisse cette histoire m’empoisonner la vie, ça aurait pu être pire.

« Voilà maintenant que Mme Diarra est revenue. Je peux prévenir les autres que la famille va s’agrandir »

« S’agrandir ? De quoi tu parles ? »

« Je pensais que c’était le choc de la maison mais que neni. Un nouveau ou une nouvelle Diarra est en route et il t’impose déjà des choses. Le sang ne ment pas »

Il m’embrassa tendrement et sortit de la chambre. Je me sentais enfin revivre, enfin libérée.

[…]

[…]

On avait enfin pu emménager dans notre nouvelle maison. On avait organisé une fête où tout le monde était là. Samira et son mari, Roxane et son nouveau camerounais de mari, mes parents, certains des collègues d’Hussein. Même certains voisins voulant nous souhaiter la bienvenue. Les gens de ce quartier m’intriguaient au plus haut point. Ils étaient assez différents des gens de mon ancien quartier. Mais ça me faisait du bien de voir, en plus de ceux qui m'ont manqué, de nouveaux visages. Samira avait eu des jumeaux, une fille et un garçon avec son Samir. Hussein ne manquait jamais une occasion de les taquiner un peu; il les appelait la "Samily", car en plus leurs enfants se prénommaient Samantha et Samson. Roxane, elle, avait fini par épouser son docteur Camerounais Samuel N’Goma. Je n'ai pas pu lui expliquer ce qui s'était réellement passé avec Docteur K, je lui ai juste dis que je m'étais rendu compte qu'il n'était pas sérieux. En plus, Samuel avait dit à Roxane qu'il n'avait aucun ami qui se faisait appeler Docteur K. On ne s'attarda pas sur le sujet. C'est vrai que j'essayais d'oublier cette histoire mais Docteur K me terrorisait toujours autant.
Une fois la fête terminé, après avoir raccompagné papa et maman à la maison, on était sur le chemin du retour

«Chérie, tu as remarqué que Mr Duval et sa femme étaient restés assis dans la même position jusqu'à ce qu'ils partent?»

«Ah bon? Ils me paraissent assez coincés quand même. Mais moi c'est plutôt Mr Kouao qui me fascinait. Il a parlé et serré la main à quasiment tout le monde dans la maison. N'eut été mon intervention, il allait apprendre à ses dépens, que Samir n'aime pas qu'on opportune la reine de sa "Samily"»

«Toi tu ne laisses pas hein !»

«Par contre, on dirait bien qu'Oumar est tombé amoureux de Mademoiselle Koffi. Il ne l'a pas lâché d'une semelle»

«Elle sait s'y prendre avec les enfants et elle adore ça apparemment. Elle m'a dit de ne pas hésiter à venir déposer les enfants chez elle»

«Au fait Aisha, y'a ta belle maman qui a appelé pendant la soirée»

«Ah bon? Mais pourquoi tu ne me pas laissé lui parler ?»

«Tu étais occupée en cuisine et elle m'a dit qu'elle allait peut être rappelé. En fait, elle voulait qu'on vienne tous passer une semaine à Dubaï, auprès d'elle. Elle était tellement euphorique quand je lui ai dis que la famille s'agrandissait»

«Une semaine? C'est les enfants qui vont être content. Eux qui s'inquiétaient pour leurs vacances. Mais et toi?»

«Evidemment que ce sera un peu compliqué pour moi chérie, avec le boulot. On travaille sur un projet assez important actuellement donc m'absenter est quasi impossible»

«Donc tu veux qu'on prenne l'avion seuls?»

«Non non. Vous irez avec un de mes cousins. Lui aussi doit s'y rendre pour ses "affaires"»

«Lequel de tes cousins? Ahmed?»

«Non pas Hamed. Celui là tu ne le connais pas. Il n'est jamais en place, toujours parti. Personne ne sait ce qu'il fait d'ailleurs».

Une fois rentrés, je me dirigeais vers la chambre des enfants pour vérifier si ils étaient déjà au lit. Ils dormaient à poings fermés. Je revins trouver Hussein au salon, occupé à le ranger.

«Hussein, je rentre prendre une douche»

«Attends, fermes les yeux!»

«Encore?!!»

Je fermais les yeux en me demandant ce qui m'attendait cette fois ci. Je sentis les mains d'Hussein sur moi. Il me souleva, j'ouvris les yeux, surprise et il dit

«Ca faisait longtemps que je t'avais pas porté jusque dans la chambre et je sens que tu as besoin de quelqu'un pour te laver le dos»

Il me sourit et on s'en alla vers la chambre. Il allait m'offrir un cadeau encore plus grand que ce qu'il a pu m'offrir jusqu'à présent, j'en étais persuadée.

[…]

Les jours s'écoulèrent paisiblement. Je commençais à m'habituer à cette nouvelle vie. Roxane et moi étions régulièrement en contact. Malgré la distance, elle restait toujours la Roxane de l'immeuble, mon amie.
Le départ pour Dubaï était prévu pour une semaine. Moi et Samira faisions quelques courses en vue de le préparer. Je passais quasiment mes journées avec elle.
Deux jours avant le départ, Hussein devait recevoir de la famille, ceux qui ne connaissaient pas encore la maison, particulièrement celui qui devait nous accompagner. Je passais toute la journée à la cuisine, aidée par Hussein et Lucie, la nounou des enfants. Les enfants étaient chez Mademoiselle Koffi depuis le matin et ils semblaient ne même pas envisager de rentrer. Il était 19h quand les premières personnes commencèrent à arriver. Hussein les recevait au salon tandis que moi je finalisais le repas et leur servais de temps en temps à boire. Un instant plus tard, j'entendis des éclats de voix, c'était Hussein avec surement un membre de sa famille avec qui il était apparemment proche vu la grande joie de leurs retrouvailles. Je crus reconnaitre la voix de ce dernier. Surement je l'avais déjà eu au téléphone. Mais je sus que c'était celui avec qui nous devions effectuer le voyage. Hussein m'avait dit qu'ils s'appelaient réciproquement "Le Boss". Les enfants étaient rentrés et faisaient connaissance avec ceux qui étaient là. Hussein vint m'appeler pour me présenter à ceux qui venaient d'arriver et il me demanda d'apporter encore à boire. Je mis quelques bouteilles de jus de gingembre sur un plateau et m'avança vers le salon. Je reconnu certains visages. Il me présenta une bonne partie de ceux que je ne connaissais que de noms. Je retournais dans la cuisine et quelques minutes après j'entendis

«Mais Le Boss, où se trouve la maman de ma femme Yasmina? Tu l'as présenté aux autres mais pas à moi». Cette voix...


Je souris. Il devait être amusant ce cousin. Je me dis qu’on n’allait pas s'ennuyer avec lui pendant le voyage. Dès que je mis pied au jardin, je le vis avec Hussein et il portait Oumar sur le cou. Il était de dos. Dès qu'Hussein me vit, il dit

«Ah! Voilà la plus belle des Diarra. Kader, je te présente Aïsha. Aïsha, voici l'enflure qui me sert de cousin, Kader»

«Aah enfin je vais la voir. Comment...» et il se retourna. Dès que nos regards se croisèrent, mon sang se glaça. On se fixait sans dire un mot. Je me mis à trembler. Je sentis ma tête tournée et mon cœur battre si fort que je crus qu’il allait sortir de ma poitrine. J'avais enfin la réponse à la question que je me posais depuis ce jour-là. Le "K" de Docteur K était en fait pour Kader.
«Kaïsha?...»
Le dernier mot que j'entendis et après plus rien: Le trou noir.

FIN

Kaïsha (4ième partie et Fin)
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C
ah yerim "kader" desormais docteur "K",sniffff deja fini...
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K
je ne puis m'empêcher de laisser perler des larmes sur mes joues... merci à toi mon frère pour ce chef d'oeuvre!
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M
belle fin...kader ne s'en sortira pas aussi facilement. fier de toi biggi, continue comme ça
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W
hummmmmmmmmm! et rehummmmmmm...
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Z
guin guin ouhouuu........
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